Ah que j’en ai les larmes aux yeux en voyant partir au loin le long convoi de caravanes colorées. Bon débarras crient la plupart des habitants de cette petite ville de banlieue où sur un terrain laissé à l’abandon un groupe de gitans s’étaient installés depuis plusieurs semaines. Finalement, les voilà contraints et forcés de partir. Mais qui dit que la vie sera meilleure sans eux et que l’on vivra davantage en sécurité ? Certes Pehran un jeune plein de malice du groupe ne sera plus là pour faire le mur des maisons, s’introduire par les fenêtres laissées ouvertes et prendre des objets de valeurs dans les chambrés. Sur la place de la mairie chaque matin, il n’y aura plus de vendeurs de chaises en osier sur le marché. Au cours des après-midi, la petite cloche du rémouleur n’agitera plus les rues durant l’après-midi. Enfin, le soir venu je n’entendrais plus au loin résonner les chants de la veillé animée par les guitares autour du feu de cette cour des miracles ambulante. Une seule chose est sûre, la caravane est passée par ici et repassera par là tôt ou tard. Esmeralda aura grandit et je me languis déjà de la revoir danser, Pehran aura mille nouveaux trucs et astuces pour dépouiller les passagers du Métropolitain… et moi j’aurais appris la guitare en écoutant à longueur de journée les accords magiques de Django en attendant que la caravane reprenne la route en notre direction.
El Metropolitano, 09/09/2010